Le vote des femmes en France : feminisme, pacifisme et antifascisme a l’heure du Front populaire
Contexte historique
Notre Comite National Plusieurs Femmes contre Beyrouth et le fascisme
Dans les annees 1920 et 30, les suffragistes organisent des campagnes Afin de revendiquer le droit de vote des femmes a l’occasion de chaque election consequente. C’est la situation a l’approche des elections legislatives du 26 avril et du 3 mai 1936, ou les espoirs d’une victoire de la gauche semblent particulierement propices a faire avancer un cause.
Mais si elle apparait porteuse, la periode 1934-1936 reste aussi problematique : l’antifascisme, le pacifisme et la mobilisation en faveur du Front populaire menacent de releguer les questions de l’emancipation et du vote des femmes au rang de probleme secondaire, ou du moins de le dissoudre dans des engagements https://datingmentor.org/fr/flirt-review/ plus transversaux.
Quoiqu’historiquement proches des mouvements Afin de la paix et les droits de l’homme, les principales associations feministes entendent se concentrer concernant des questions specifiquement liees a toutes les jeunes filles, apparaissant aussi en decalage au milieu des aspirations de l’epoque. De multiples militantes en viennent ainsi a privilegier des luttes qu’elles considerent plus urgentes et s’engagent dans des organisations qui ne semblent pas exclusivement dedies a la cause feministe.
Ainsi, le Comite National des Femmes contre la guerre et le fascisme cree en aout 1934 est-il plutot la section feminine du Comite National contre Beyrouth et le fascisme (tel y en existe une branche pour nos jeunes) que sa version feministe : si la revendication suffragiste n’a nullement disparu, tel le montre l’affiche, elle n’est plus la seule, ni peut-etre la principale.
Analyse des images
Une affiche composite
Comite national des femmes contre la guerre et le fascisme est une affiche de 80 x 60 centimetres editee et imprimee par le Comite lui-meme comme l’indique le bandeau en bas de l’image, ainsi que celui en bas, qui invite a rejoindre une telle association. Elle reste placardee dans les principales villes francaises au mois de mars-avril 1936. Composee de trois photographies et de sections de documents assez fournies, le document semble delivrer quelques messages dont le contenu theorique reste via ailleurs assez dense. Plus proche du tract que de l’affiche, elle se caracterise par l’usage de differences typographiques et le melange entre image et propos.
Organisees en diagonale, les trois photographies representent une femme, un couple, et une rapide fille. Selon une iconographie typique du Front populaire (et qui n’est pas sans rappeler celle des pays socialistes), la jeune cherie reste prise de trois-quarts et regarde au loin, la figure digne et fier. Plus traditionnelle, l’image une femme en couple assise dans 1 banc avec son compagnon : l’ensemble de deux tournent le dos au spectateur Afin de voir devant eux, par leur avenir heureux (sourire de l’homme). Enfin, une bri?ve fille souriante et joufflue, qui est aussi bien la femme de demain (qu’elle sera) que l’enfant (d’une maman), toutes deux evoquees par l’article.
Le message principal (en haut et en bas) est enfile en evidence et souligne : « Les femmes francaises veulent voter. Voila votre que nous, jeunes filles, supplions nos electeurs de saisir ». Organise en trois paragraphes distincts sur le fond et sur la forme, le est du texte semble assez heterogene. Dans votre premier temps libre, Cela reste explique pourquoi l’actrice souhaite voter (« parce que l’avenir de leur pays les interesse, et particulierement celui de leurs enfants qu’elles veulent voir vivre libres, content, en paix »). Neanmoins, le propos semble s’ecarter ensuite de cette question, proclamant que « la France est votre pays riche ou il est possible d’organiser le bonheur de tous » (paragraphe central) expliquant ensuite (troisieme paragraphe) que pour atteindre votre but, il va falloir elire « des representants du peuple et non des delegues des puissances financieres, des gros industriels et des hobereaux ».
Interpretation
Feminisme ?
Cette affiche illustre beaucoup le souci de l’engagement feministe a l’heure du grand mouvement pacifiste, antifasciste et socialiste qui caracterise la periode 1934-1936.
J’ai revendication suffragiste reste bien propose, ainsi, meme formellement mise au premier plan. Mais elle est ensuite dissoute dans un message d’inspiration pacifiste (ma paix) et antifasciste (la liberte), auquel on a des difficultes a Notre relier ici. Mes deux paragraphes suivant seront d’inspiration socialiste ou communiste, qui semblent sans rapport avec la cause suffragiste qu’il seront censes expliquer et justifier : elles appellent a voter Afin de les candidats du Front populaire au nom de la justice sociale et de la repartition des richesses, sans marquer aucune specificite « feministe » ou meme « feminine » (aucune difference avec les arguments habituels i ce niveau).
Plus centre i propos des femmes, le premier paragraphe reste assez ambigu. D’une part, il n’explique pas pourquoi l’actrice doit voter (pourquoi celle-ci en aurait le droit, fondamental) mais, de maniere assez originale Afin de nos suffragistes, pourquoi elle veut voter : c’est seulement parce que ses motivations sont bonnes (l’avenir du pays ainsi que ses enfants) qu’elle le meriterait. L’actrice requi?te (en fournissant des gages de bonne volonte) plutot qu’elle n’exige (parce qu’elle en a le droit) ; elle « supplie » avec ailleurs les electeurs d’une saisir.
D’autre part, il hesite – de maniere plus habituelle dans le discours feministe cette fois – entre une conception universaliste et une approche plus utilitariste d’la citoyennete. L’actrice pourrait voter tel votre citoyen « normal » qui s’interesse a son pays, defend la paix et, ici, des positions socialistes. Mais c’est aussi « particulierement » comme maman de famille qu’elle est ici evoquee, sa competence specifique (et par la utile dans le debat politique) i propos des questions concernant le bonheur des enfants devenant un argument.
Les photographies elles-memes, enfin, oscillent entre la representation d’une cousine « socialiste » libre et independante (premiere image) et celles qui la renvoient au couple (femme « de ») ou a la maternite (photographie de l’enfant).